Le dilemme du prisonnier est un concept de la théorie des jeux qui illustre pourquoi des individus ou des entités, qui bénéficieraient de la coopération, choisissent souvent de ne pas coopérer. Cette notion trouve une résonance particulière dans les politiques liées au changement climatique, où la coopération internationale est cruciale mais souvent entravée par des intérêts individuels.
Présentation du dilemme
Le dilemme du prisonnier met en scène deux criminels arrêtés, mais les preuves ne suffisent pas pour les condamner sur le principal chef d'accusation. Séparés, les enquêteurs proposent à chacun le même marché : trahir l'autre et bénéficier d'une réduction de peine, ou rester silencieux. Si l'un trahit tandis que l'autre reste silencieux, le traître est libéré tandis que l'autre reçoit la peine maximale. Si tous deux trahissent, ils reçoivent tous deux une peine modérée. Si tous deux restent silencieux, ils reçoivent tous deux une peine légère.
Application au changement climatique
Dans le contexte du changement climatique, les gouvernements sont les "prisonniers" face au dilemme de coopérer ou non dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Voici les quatre cas issus du dilemme, appliqués à la politique climatique :
- Coopération mutuelle : Tous les pays s'engagent à réduire significativement leurs émissions. Le climat mondial s'en trouve amélioré, bénéficiant à tous, malgré les sacrifices économiques à court terme.
- Trahison mutuelle : Aucun pays ne respecte ses engagements de réduction des émissions, menant à une aggravation du changement climatique, avec des conséquences désastreuses pour tous.
- Trahison unilatérale : Un pays décide de ne pas réduire ses émissions tandis que les autres le font, profitant ainsi économiquement à court terme, mais au détriment de l'effort global et des relations internationales.
- Coopération unilatérale : Un pays réduit ses émissions pendant que les autres continuent leur pollution. Ce pays subit les coûts économiques sans un impact significatif sur le climat.
L'expérience d'Axelrod
Robert Axelrod a organisé des tournois informatiques pour tester différentes stratégies possibles dans le dilemme du prisonnier. Les participants étaient des logiciels programmés avec diverses tactiques.
La stratégie gagnante fut "Tit for Tat" (donnant-donnant), initiée par une coopération suivie de la réplication du choix de l'adversaire au tour précédent. Cette stratégie illustre l'importance de la coopération et du maintien de la confiance, mais aussi la réactivité aux trahisons.
Conclusions d'Axelrod appliquées au changement climatique
Axelrod a démontré que la coopération peut émerger même dans des situations compétitives grâce à la réciprocité et à une vision à long terme. Appliquées au changement climatique, ses conclusions suggèrent que les pays ont intérêt à adopter une approche de coopération initiale et à ajuster leur comportement en fonction des actions des autres. La réussite collective contre le changement climatique dépend de la capacité des nations à établir et maintenir la confiance, à se montrer réactives aux engagements des autres et à privilégier les bénéfices